Washington déclare la guerre de l’aluminium

Jadis chasse gardé de l’industrie américaine, l’aluminium a vu au fil des décennies la Chine gravir une à une les places dans la production mondiale, puis s’emparer de la première, puis ensuite creuser l’écart avec ses poursuivants. Ainsi, pour le mois de septembre 2017, la Chine a produit 54,5 % de l’aluminium mondial. A titre de comparaison, les Etats-Unis n’occupent plus que le 6e rang mondial en 2014.
L’élection il y a maintenant un an de Donald John Trump à la présidence des Etats-Unis, conjuguée à la volonté de ce dernier de réindustrialiser le pays, a entraîné un durcissement des positions étatsuniennes face aux Chinois. Sur les 13 usines majeures du temps lointain dans la suprématie américaine, il n’en reste plus que 6 : Alcoa a perdu 4 de ses 6 sites (1/1 dans l’Indiana et au Texas, 1 sur 2 dans le Washington et dans l’état de New York), Century Aluminium 1 sur 4 (celle en Virginie Occidentale, l’état de la misère blanche), Glencore a fermé son usine du Montana, Ormet celle de l’Ohio et Noranda voit son usine du Missouri tourner au ralenti).
Le 27 octobre, le département du Commerce américain – à la demande des industriels du secteur – a imposé des droits antidumping provisoires compris entre 97 et 162% sur les importations de feuilles d’aluminium chinoises, jugées contraires au droit de la concurrence. En août déjà, le département avait instauré des droits antidumping provisoires allant de 17 à 81% sur ces importations. Du 20 janvier, jour de l’investiture de Donald Trump, au 25 octobre, le département du Commerce dit avoir lancé 77 enquêtes antidumping ou liées aux droits compensatoires, un chiffre en hausse de 61% par rapport à l’année précédente. Il est vrai qu’en 2016, les importations de feuilles d’aluminium chinoises aux Etats-Unis étaient évaluées à 389 millions de dollars (335 millions d’euros).